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Faut-il former les futurs ingénieurs à et par l'automobile ?

La compagnie Shell avait inventé dans les années 90 le business durable pour préparer son ère post-pétrole mono-industrielle. A l'opposé de ce dynamisme visionnaire, année après année, le Shell EcoMarathon continue de mobiliser dans le monde entier, des jeunes élèves et étudiants (lycée, IUT, écoles d'ingénieurs, et leurs équivalents internationaux). Cette manifestation portée par Shell a deux caractéristiques intrinsèques ringardes : penser l'écomobilité par la voiture et considérer la compétition comme moteur de créativité. Des équipes s'affrontent par prototypes basse consommation interposés. Du côté des établissements de formation, les objectifs pédagogiques sont formatés pour justifier la participation des élèves ou étudiants à cette compétition : confrontation à l'innovation, apprentissage de technologies de pointe, travail en équipes-projets pluridisciplinaires.

Ainsi à l'ESSTIN, école d'ingénieurs de Lorraine, le Shell Eco Marathon est devenu un exercice pédagogique rituel pour son "EcoMotionTeam" (EMT), mobilisant depuis plus de 13 ans, une trentaine d'étudiants. Cette équipe EMT n'a jamais conçu la mobilité que comme un prototype automobile de basse consommation, en négligeant d'autres activités, hors du Shell EcoMarathon comme de nouveaux concepts de mobilité en milieux urbains. J'ajoute que dans les mêmes années, les soutiens financiers de leurs écoles aux étudiants amateurs du 4L Trophy et son cortège avec alibi humanitaire étaient fréquents, tout comme les adaptations de l'emploi du temps pour leur permettre de s'éloigner des amphithéâtres pendant quelques jours. La voiture comme outil ou objectif éducatif des jeunes générations a donc la vie dure.

L'Usine Nouvelle vient de titrer "La voiture individuelle est morte pour les futurs ingénieurs". En effet, les 12e rencontres de l’ingénierie de la construction et de l’industrie ont été l’occasion de récompenser les étudiants, futurs ingénieurs, qui ont planché sur le thème des réseaux intelligents de transports urbains et de leur optimisation. Centrale Nantes, Centrale Lille et Arts et Métiers, et non des écoles spécialisées en automobile et aux transports, se sont illustrées. Comme le conclut l'auteur de l'article : "ces [...] projets sous-entendent de remettre totalement en cause la notion de possession d’un véhicule individuel, tout au moins en agglomération. [...] Mais il faudra sans-doute encore un peu de temps pour changer des mentalités bien ancrées !". Des propos qui contredisent le discours de Louis Schweitzer, ex-PDG de Renault, qui invité à France Culture le 27 octobre a déclaré sentencieusement "l'automobile est le signe de la santé d'un pays" et "un instrument de liberté". Mais on peut aussi penser l'inverse et imaginer la formation des futurs techniciens et ingénieurs vers d'autres mobilités et d'autres innovations qui libèrent l'individu.

19 novembre 2013

arnaud delebarre

Tag(s) : #Education, #Energie, #Automobile, #Société, #Ingénieurs
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