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La déradicalisation par Dom Juan

"Cessons de croire que la religion puisse être utile à l’homme. Ayons de bonnes lois, et nous saurons nous passer de religion." écrit le Marquis de Sade dans La philosophie du boudoir". Ce texte est cité dans Le Dom Juan mis en scène par J.-F. Sivadier à l'Odéon. Sa mise en scène se fonde sur le texte de Molière, mais l'associe aussi à d'autres (chansons et extrait de "la philosophie dans le boudoir" de Sade). Comme le dit l'interprète de Dom Juan, N. Bouchaud, dans une interview à la Grande Table de France Culture le 29 septembre 2016, le Dom Juan de Molière est une pièce qui attaque les institutions en commençant par celle du mariage, et en continuant par la religion et le parti des dévots. Et nul besoin de moderniser le texte... Ce qui se passe à l'extérieur rentre dans la salle de théâtre, l'extérieur vient rencontrer une oeuvre quand elle est suffisamment ouverte et généreuse. Des analyses de cette pièce veulent atténuer la critique de la religion voulue par l'auteur en distinguant la foi de Sganarelle et celle du pauvre, deux manières de vivre sa foi, l'une vulgaire et superstitieuse (celle de Sganarelle) et l'autre sincère (celle du pauvre) face à laquelle Dom Juan connaîtrait sa défaite en n'obtenant pas de blasphème. Et quand Dom Juan affirme qu'il ne croit qu'en "deux et deux sont quatre", ce ne serait que bravade. On peut en douter. Dans l'acte V, après sa contrition simulée de la scène 1, on peut lire dans la scène 2 : Dès qu’une fois on m’aura choqué tant soit peu, je ne pardonnerai jamais et garderai tout doucement une haine irréconciliable. Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel, et, sous ce prétexte commode, je pousserai mes ennemis, je les accuserai d’impiété, et saurai déchaîner contre eux des zélés indiscrets, qui, sans connaissance de cause, crieront en public contre eux, qui les accableront d’injures, et les damneront hautement de leur autorité privée. Un vrai manuel à l'usage des dévots actuels. Bref, qu'on soit radicalisé ou non, (re)voir ou (re)lire cette pièce ou (re)lire un peu de Sade ne peuvent pas faire de mal !

arnaud delebarre

9 octobre 2016

Tag(s) : #Critique, #Déradicalisation, #Dom Juan, #Molière, #Religion, #Sade
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