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La fondation Bill and Melinda Gates sponsorise une étude annuelle mesurant les causes de décès dans le monde. The Lancet a ainsi publié en septembre 2017 Global, regional, and national age-sex specific mortality for 264 causes of death, 1980–2016: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2016, Vol. 390 September 16, 2017 pages 1151-1210. Cette étude plus sobrement intitulée Global Burden of Disease 2016 (en abrégé, GBD 2016) fournit une évaluation internationale de la mortalité par cause (264 causes inventoriées) dans 195 régions du monde de 1980 à 2016. 

Bilan de population mondiale

Pour 2016, l'étude* relève 128,8 millions de naissances (d'enfants vivants) et 54,7 millions de décès dans le monde. On peut donc en déduire le bilan de 74,1 millions d'être humains supplémentaires ou encore 203 000 par jour en 2016. A comparer aux 7,55 milliards d'individus sur terre selon des estimations récentes.  

Les causes de décès

L'AFP a proposé une illustration (cf. ci-dessus), malheureusement peu complète, à l'occasion de la publication de l'étude du Lancet. Cette étude GBD 2016 évalue à 72,3 % des 54,4 millions de décès de 2016, ceux causés par des maladies non transmissibles, 19,3 % par des maladies transmissibles, maternelles, néonatales et nutritionnelle, et 8,43 % par blessures. On pourra faire une lecture complète du tableau 2 qui s'étend de la page 1165 à la 1176. Parmi les 10,6 millions de décès des suites de maladies transmissibles, les infections des voies respiratoires comptent pour 2,4 millions, la diarrhée 1,7 millions tout comme les "désordres néonataux", la tuberculose avec chacun 1,2 millions suivi du SIDA avec 1 million. Dans la catégorie des 39,5 millions de décès par maladie non transmissible, la cardiopathie ischémique est le premier facteur avec 9,5 millions et l'AVC avec 5,5 millions de décès. Quant aux 4,6 millions de morts par blessure, 1,8 millions par blessures non intentionnelles (noyades, chutes,...) et 1,4 millions dans les transports dont une majorité pour la route.

Le changement climatique mortel pour l'être humain ?

Le mot environnement apparaît peu dans cette étude qui mentionne tout de même 55 600 morts par exposition à un environnement chaud ou froid. Par ailleurs, l'étude, qui calcule les pertes d'années de vie pour chaque cause de décès, constate que ces pertes diminuent pour presque toutes les causes, malgré les menaces que sont le changement climatique, ou la résistance aux antimicrobiens, ou encore l'obésité... L'étude cite aussi le paradoxe du bien-être humain qui s'améliore globalement quand les ressources s'épuisent et que de nombreux écosystèmes sont dégradés. Les auteurs indiquent aussi que les conséquences sanitaires du changement climatique pourraient être importantes à l'avenir, même si elles ne sont pas détectables maintenant : l'expansion de la dengue et de ses quatre sérotypes pourraient être en partie liées au changement climatique.

La croissance démographique mortelle pour l'environnement ?

On rappelait dans un article récent que la température augmente de 0,18°C/décennie depuis 1970 et que les quantités émises par an de CO2 par l'usage de combustibles fossiles sont de 9,9 gigatonne de carbone (GtC). En 2017, les émissions de CO2 selon le Global Carbon Project seront de 41 gigatonnes (GtCO2) par combustion des fossiles, des activités industrielles et de la déforestation. Un débat organisé le 2 janvier 2018 sur Europe1 s'intitulait "66 millions de Français : sommes-nous trop nombreux ?" avec notamment une représentante de "Démographie Responsable". En fait de situation de la France, c'était plutôt celle du monde dont il était question, et de l'existence ou non d'une "bombe" démographique, et de l'état de la planète. Les politiques natalistes et celles de planification des naissances y ont été abordées. Les écarts d'émissions par habitant par pays autour de la moyenne "mondiale" de 5,5 tCO2/habitant sont très larges**, ce qui a longtemps fait dire que la démographie n'était pas décisive, mais plutôt le train de vie d'une population et son empreinte carbone, comme par exemple, l'écart entre 16,6 tCO2/habitant et par an aux USA et 0,98 tCO2/habitant.an au Pakistan. Le même raisonnement peut être tenu pour les individus d'une même population : chacun peut faire son bilan individuel d'émissions de CO2 et en déduire des actions de train de vie en cas de volonté de réduire son empreinte. Par exemple, un voyage transatlantique aller et retour en classe économique coûte environ les émissions annuelles d'un pakistanais (cf. calculs de pollution d'un voyage aérien).

 

Lors d'une conférence donnée en 2009 dans une petite ville française où le rapprochement des émissions planétaires et des bilans individuels étaient exposés, l'assistance remarqua petit à petit que limiter les rejets pour les ramener à la quantité de 3 GtC par an (jugée à l'époque viable pour la terre), impliquait de sérieuses révisions pour le train de vie ou les projets de procréation !

 

arnaud delebarre

5 janvier 2018

 

* L'étude GBD 2016 n'affiche pas son coût, qui doit être élevé, ni d'autres objectifs que celui de mesurer la distribution des maladies et de leurs mortalités pour prévenir les morts prématurées. Comme le dirait l'INSEE : "mesurer pour comprendre"!

** Au titre d'une première approche, on peut trouver dans les statistiques proposées par BP pour la seule combustion des fossiles en 2016. Sur un total mondial de 33,4 GtCO2, on trouve pour illustration 5,35 GtCO2  aux USA, 9,12 pour la Chine, 2,3 pour l'Inde, 0,32 pour la France, 0,76 pour l'Allemagne, 1,49 pour la fédération de Russie et le Pakistan 0,19. Les populations, telle qu'exprimée par la Banque Mondiale sont, dans le même ordre, 323 millions, 1 380 millions, 1 320 millions, 66,9 millions, 82,7 millions, 144 millions et 193 millions d'habitants. En rapportant à la population, on trouvera les ratios 2016 de ces pays en tCO2/hab et par an, dans le même ordre : 16,6 tCO2/hab pour les USA, 6,61 pour la Chine, 1,74 pour l'Inde, 4,78 pour la France, 9,19 pour l'Allemagne, 10,3 pour la fédération de Russie et 0,98 pour le Pakistan.

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