Le Time High Education vient de publier son World University Rankings 2018. Il est établi avec PricewaterhouseCoopers et Elsevier à l'aide d'enquêtes de renommée et d'indicateurs. L'université d'Oxford arrive première suivie par Cambridge. La COMUE* Paris Sciences Lettres émet ce 5 septembre un communiqué intitulé "Paris Sciences & Lettres (PSL), première université française dans le classement mondial du Times Higher Education 2018". Autant le classement de Shanghaï ou Academic Ranking of World Universities (ARWU) classe avec discernement les universités ou écoles, en excluant les COMUE, autant le World University Rankings du THE ne semble pas les distinguer. Le classement de Shanghaï estime dans son ranking 2017 que 20 universités ou écoles françaises sont dans les 500 premières, et 10 dans la tranche 501 à 800e. Dans son rankings 2018, le Time Higher Education semble retenir indifféremment écoles, universités et COMUE, avec 30 françaises dans les 1000 premières places. Parmi ces 30 françaises, on trouve des COMUE comme Paris Sciences Lettres et l'Université Bourgogne Franche-Comté, tout autant que des établissements qui font partie de COMUE. Le communiqué de PSL explique que "pour sa première apparition dans le classement, elle se place au premier rang français. Dans un classement qui est non cumulatif et où la taille ne donne pas d’avantage, la performance de l’université PSL dans son ensemble, proche de celle qu’avait le mieux classé de ses établissements (l’École normale supérieure) l’année dernière, est remarquable". Ce commentaire de PSL appelle deux remarques : (i) les 13 indicateurs du ranking du THE comportent des variables rapportées le plus souvent à un nombre de personnels ou d'étudiants; (ii) la performance PSL est proche de celle qu’avait le mieux classé de ses établissements en 2016, s'explique aussi par le fait que PSL est classée, et non ses entités, et particulièrement l'école nationale supérieure de Paris qui était 66e et qui ne figure plus au palmarès. On peut donc comprendre que les indicateurs non cumulatifs justifient qu'une COMUE comme PSL puisse être classée en lieu et place de l'un ou de tous ses établissements. D'ailleurs, sauf erreur, aucun des établissements de la COMUE PSL n'apparaît dans les 30 français du palmarès THE 2018, qui semble confirmer une démarche volontaire du ranking de THE (partagée avec PSL ?), et ne semble pas dû à ce qu'aucune de ses composantes ne soit dans les 1000 premières du classement !
Conclusions : (1) dans le ranking (9/2017) de Times Higher Education 2018, le Royaume-Uni est aux deux premières places et a 3 établissements dans le top 10, les USA en placent 7 (dont 1 ex-aequo avec la Suisse). Dans le Academic Ranking of World Universities (classement de Shanghaï) 2017 de 8/2017, les 2 premiers sont des USA (Harvard et Stanford), 8 des 10 premiers le sont; Cambridge est 3e et Oxford 7e. Ces deux top 10 ont 8 établissements en commun avec pourtant des indicateurs, cumulatifs ou non, assez différents (voir **). (2) Une COMUE, PSL, (bien) classée sans que ses composantes ne le soient, signifie-t-il que les regroupements augmentent la notoriété ou la qualité ?
arnaud delebarre
7 septembre 2017
* Créée par la loi relative à l'E.S.R. du 22 juillet 2013, la COMUE a un statut d'établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel (E.P.S.C.P.), comme les universités.