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Alain Finkielkraut aurait déclaré qu'il n'est pas sur Facebook car c'est un lieu où la parole de l'ignorant a la même valeur que celle de celui qui sait, et qu'il en deviendrait fou. Outre la modestie de cet homme, quel diagnostic incongru ! Où a-t-il vu que la valeur des paroles était la même sur Facebook ! Ce n'est pas parce que des interventions en côtoient d'autres qu'elles ont la même valeur. A l'académie française où siège cet académicien, les interventions auraient-elles la même valeur, quand la qualité des académiciens et de leurs œuvres est pourtant disparate ?

Un moins que rien peut en cacher un autre

L'assertion de Michel Houellebecq  que "certains intellectuels français, en particulier Alain Finkielkraut et Michel Onfray, ont déserté le camp des élites pour se rapprocher du camp de la population" ne tient donc peut-être plus. M. Houellebecq ajoute que "incompréhension" est un mot bien trop faible : "les élites [qui] haïssent le peuple". Le mépris de A. Finkielkraut pour le soi-disant ignorant qui parlerait au même titre que le sachant, n'est pas sans rappeler la déclaration du président de la république française E. Macron "Dans une gare, vous croisez des gens qui réussissent et d'autres qui ne sont rien".

L'élite vs le peuple : l'exemple de la SNCF

La communication de la SNCF vient d'exhiber le même mépris pour le peuple ignorant, pour lui faire croire que la mobilisation de la grève faiblissait sensiblement. Libération le rapporte le 19 avril, avec un titre imbécile mentionnant des graphiques "aléatoires" (sic) quand "tronqués" aurait suffi. Quelques éléments de la populace avaient rectifié eux-mêmes les graphiques émanant de la SNCF comme le rapporte avec un titre plus judicieux, Marianne du 19 avril. Ainsi, le graphique en haut à droite de ce billet corrige celui en haut à gauche de la SNCF. Le graphique du bas est celui proposé par Libération. Les barres absentes seraient imputables à l'inexistence de décompte des grévistes les samedis, dimanches et jours fériés, sans que l'on sache si c'est pour ne pas truquer les participations à la grève, ou pour éviter de donner des chiffres trop en faveur des protestataires.

Une élite qui peut mieux faire ?

Les élites qui veulent une loi anti fake news, en génèrent donc eux-mêmes et se font corriger par le peuple ? L'élite de la SNCF peut toutefois continuer à sous-estimer les cibles de sa communication. Elle a encore beaucoup de moyens de faire croire qu'il y a peu de grévistes. Ne donner que le taux global de grévistes (15 à 20 %) et non celui des conducteurs, contrôleurs et aiguilleurs qui pourtant explique mieux qu'un train sur trois seulement circule avec 80 à 85 % du personnel au travail ! Sauf si l'élite de la SNCF est passée à côté de gains possibles de productivité ! Des élites qu'on ne croise pas dans les gares et qui ne sont rien ?

arnaud delebarre

28 avril 2018

P.S. : une cagnotte de solidarité pour les cheminots grévistes affiche à ce jour et cette heure (environ 15h00 le 28 avril 2018), plus de 930 000 euros pour presque 25 000 participations. D'autres cagnottes existent mais beaucoup moins dotées.

Un élève qui a étudié dans l'école d'ingénieurs que j'ai dirigée il y a quelques temps, m'a fait parvenir un message à propos de cet article avec des critiques positives et négatives et des apports que je livre ci-dessous. Ce commentateur pourra, s'il le décide, revendiquer la paternité de sa réflexion, que je révélerai alors ou qu'il pourra faire de son propre chef. Voici son message.


"Je te remercie pour ton billet de blog sur la SNCF. Tu es l'un des rares sur linkedin à avoir oser parler de cela et même partagé le lien vers la cagnotte. Merci encore. Par ailleurs, j'ai une remarque concernant le peuple versus élite. C'est surtout une remarque de vocabulaire et notamment le vocabulaire employé en république : Dans l'esprit de la république, l'élite est l'élite du peuple. L'élite est l'enseignant, l'ouvrier qualifié, le chef de chantier, l'ingénieur, etc. Ainsi mettre dos à dos le peuple avec le peuple par une manipulation de vocabulaire n'est rien d'autre qu'une stratégie du "diviser pour mieux régner". Si ce n'est pas l'élite contre le peuple, qui est contre le peuple ? C'est là où l'analyse matérialiste est intéressante et la réponse est multiple. Ce qui est plus significatif c'est la rupture entre les possédants et les non-possédants. L'"élite" qui est mentionnée contre le peuple est moins "élite" que propriétaire. Les possédants, du fait de posséder les moyens d'exister, sont plus enclins à soutenir des positions conservatrices et ils voient le peuple non-possédant comme un adversaire : pourquoi, eux possédants, devrait-ils contribuer aux moyens de subsistances des non-possédants ? De la bonne veille lutte des classes :) Les auteurs que tu citais dans ton billet sont quelques part les propriétaires de la bonne parole littéraire actuelle, au moins virtuellement, grâce au renfort de marketing et passage sur les plateaux télé. Bien entendu, j'admets que la lecture matérialiste n'est pas parfaite mais de mon côté, elle me permet de mieux expliquer et prédire les comportements et les fractures dans la population. Je pourrai en débattre des heures, notamment pour expliquer comment une partie des non-possédants ont rejoins les intérêts des possédants car ils y gagnent des miettes non-négligeables (et malheureusement de nombreux ingénieurs, et enseignants du supérieur). Bref, encore merci pour ton billet"

Tag(s) : #Elites, #Facebook, #Finkielkraut, #Grève, #Houellebecq, #Macron, #Peuple, #Rien, #SNCF, #Train, #Productivité
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