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Monter au classement de Shanghaï est-il une stratégie ?

Le Monde a publié le classement de Shanghaï 2014 avec le titre : "les universités françaises maintiennent leur rang" suivis par quelques commentaires de la secrétaire d'Etat G. Fioraso, secrétaire d'Etat à l'enseignement supérieur et à la recherche, et de A. Beretz, Président de la Ligue européenne des universités intensives en recherche.

On voit dans ce classement que les universités et écoles françaises maintiennent un rang, certes, mais plutôt médiocre, eu égard aux critères du classement et aux performances desdites universités, malgré des restructurations et fusions importantes au sein des acteurs. En 2014, on trouve 21 universités ou écoles françaises dans les 500 premiers, la première au rang 35. En effet, le classement de Shanghaï comprend des variables extensives qui grossissent avec les regroupements d'établissements, mais aussi des variables rapportées au nombre d'enseignants-chercheurs. Grossir en nombre d'étudiants n'est pas un ascenseur efficace et les premiers ne sont pas les plus gros. En revanche, qu'on le veuille ou non, un classement favorable et connu reste un vecteur de visibilité pour la venue de futurs étudiants sélectionnés ou les recrutements de futurs personnels de qualité. Et donc un potentiel pour monter au classement !

Si monter dans un classement ne fonde pas une stratégie, il soutient une visibilité qui peut améliorer les recrutements et les classements futurs

G. Fioraso indique que «le classement de Shanghaï est un indicateur parmi d'autres, à prendre en compte mais sur lequel on ne fonde pas une politique. Nous encourageons les regroupements, mais dans un but de lisibilité pour les étudiants et de mutualisation des moyens." Comme déjà énoncé, la lisibilité et la visibilité peuvent pourtant être le fruit de classements : G. Fioraso se réjouissait il y a peu du classement promu par l'union européenne, U-Multirank. A. Beretz ajoute «Nous [Université de Strasbourg] sommes certes heureux d'être bien classés, mais ces palmarès sont ineptes ! Inscrire dans les objectifs stratégiques celui de grimper dans les classements me paraît donc une erreur.»

La recherche dans les écoles d'ingénieurs et des ingénieurs en cause ?

L'article du Monde en rajoute sur la discorde (abordée dans l'article du Nouvel Economiste du 21 août) entre grandes écoles d'ingénieurs et universités en indiquant que les écoles sont encore peu tournées vers la recherche et donc sous-estimées par ces classements. Cette affirmation est à modérer car nombre d'écoles d'ingénieurs sont internes à des universités, et les écoles, même externes, ont des unités de recherche partagées avec les universités. De plus, la recherche en écoles d'ingénieurs est parfois orientée vers le développement et la valorisation qui ne sont pas pris en compte dans le classement de Shanghaï. Par ailleurs, la recherche est souvent abordée au cours du cursus des élèves-ingénieurs et ne se réduit pas à emmener les ingénieurs diplômés vers un doctorat (15-20% le font). Enfin, les chercheurs efficaces au sens du classement de Shanghaï sont probablement des doctorants ou des docteurs, mais la recherche n'est pas la seule affaire des doctorants ou docteurs. Les études INSEE montre que les effectifs R&D en France se trouvent majoritairement en entreprise et ne sont pas majoritairement des docteurs.

La R&D française n'est pas majoritairement aux mains des universités et des docteurs : reste à savoir si les produits de cette R&D satisfont le tissu d'innovation à défaut de réussir à faire monter l'éducation française au Shanghaï !

arnaud delebarre

29 août 2014

Tag(s) : #Compétition, #Universités, #Shanghaï, #Ingénieurs, #Recherche
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