Distribution des âges des réacteurs nucléaires et son évolution entre 2012 et 2018

En 2017, la consommation d'énergie primaire aurait été de 13 511,2 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtoe) dans le monde, dont 596,4 Mtoe en nucléaire, soit 4,4 % selon la 67e édition du rapport BP sorti en juin 2018. Le même rapport indique 918,6 Mtoe pour l'hydroélectricité et et 486,8 Mtoe pour les renouvelables. Comme d'autres, BP utilise la conversion des énergies nucléaire, hydroélectrique et renouvelables en considérant une équivalence "thermique" avec l'hypothèse d'un rendement de 38% d'une centrale thermique entre énergie primaire et énergie utile.*

Traiter des données pour se faire traiter d'activiste ?

Le World Nuclear Industry Status Report (WNISR) fait état annuellement de données sur la production d'électricité par les centrales nucléaires, en comparant notamment leurs capacités installées et leurs productions à celles par énergies renouvelables. Chaque année ce rapport est salué pour la qualité des données rendues publiques ; chaque année son auteur principal se fait traiter d'activiste anti-nucléaire car les données ne montrent pas que cette technologie est aussi vaillante ou incontournable que certains la rêveraient. Le rapport WNISR a l'habitude d'étudier la distribution de l'âge, les arrêts ou la mise en chantier des réacteurs nucléaires produisant de l'électricité dans le monde pour évaluer le développement ou non de cette production d'énergie.  Ce billet reprend quelques données des éditions 2012 à celle de 2018 du World Nuclear Industry Status Report, ce dernier cru venant d'être commenté par Mycle Schneider, son auteur principal, dans l'Usine Nouvelle.

Distribution des âges des réacteurs nucléaires

La figure du présent billet de ce blog montre ainsi l'effectif des tranches d'âge des quelques 400 réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde et leur évolution de 2012 à 2018 (la date de référence du WNISR est en général le 1er juillet, sauf pour 2012 où c'est le 1er mai et 2018 où il s'agit du 31 mai). Ces sept années ont été choisies pour la régularité et l'homogénéité des données fournies par le rapport WNISR.

Le graphique montre que la tranche des jeunes réacteurs nucléaires (0 à 10 ans) s'est récemment agrandie du fait notamment des démarrages de quelques uns principalement en Chine (on consultera les WNISR 2016, 2017 pour plus de détails). On voit aussi que les effectifs des deux classes de réacteurs de 31 à 40 ans et de 41 ans et plus augmentent sensiblement, alimentés par le transfert par vieillissement des effectifs des deux classes de 11 à 20 ans et de 21 à 30 ans. Ces deux dernières classes se réduisent aussi du fait du peu de constructions des années passées, c'est-à-dire des chantiers initiés, finis et raccordés au réseau. Les effectifs des classes des plus réacteurs les plus âgés augmentent aussi du fait de la tendance à faire durer les réacteurs, y compris au-delà de leur durée de vie initiale. L'âge moyen des réacteurs en activité est passé de 27 ans en 2012 à 30 ans en 2018, soit +11% d'augmentation. Mais dans le même temps la fraction des réacteurs en activité de 41 ans et plus est passée de 4,7% à 18,8%, soit un accroissement de plus de 300% de la part de cette classe d'âge parmi les quelques 400 réacteurs en fonctionnement.

arnaud delebarre

11 juillet 2018

*Si l'on s'intéresse au diagramme dit de Sankey que le Commissariat général au développement durable français a publié en avril 2018 sur le bilan énergétique de la France en 2017, on voit 259,3 Mtep en ressources primaires et 153,6 en consommation finale, la production nucléaire occupant 103,8 des 259,3 Mtep, soit 40 %, et l'électricité donnée pour 38,0 des 153,6 Mtep, soit 24,7 % de la consommation finale. BP attribue une production de 554,1 TWh à la France (25 551,3 pour le monde), sachant que 1 toe est environ égale à 12 MWh et que le Sankey pour la France en 2017 indique 3,4 Mtep d'exportation d'électricité.