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BP révèle ce 11 juin 2019 les données statistiques de l'énergie de l'année 2018. Les nouvelles sont mauvaises : forte croissance de la consommation d'énergie, augmentation de l'usage du charbon et du gaz, croissance insuffisante des renouvelables, selon Spencer Dale. L'énergie primaire mondiale a eu en 2018, la croissance la plus rapide observée depuis 2010. Dans le même temps, les émissions de dioxyde de carbone dues à la consommation d’énergie ont augmenté de 2,0%, ce qui constitue l’expansion la plus rapide depuis de nombreuses années. Spencer Dale, économiste en chef, a donc choisi d'intituler ce 68e rapport "L'énergie en 2018 : une voie insoutenable" (an unsustainable path).
Demande en augmentation en 2018

La demande en énergie a augmenté de 2,9% en 2018, largement tirée par la Chine, les États-Unis et l'Inde, qui ont représenté ensemble les deux tiers environ de la croissance. La croissance la plus frappante a été enregistrée aux États-Unis, où la consommation d'énergie a augmenté de 3,5%, la croissance la plus rapide observée depuis 30 ans et contrastant nettement avec la tendance à la baisse observée ces 10 dernières années. Cette accélération a été particulièrement marquée dans la demande de gaz naturel, + 5,3%, l’un de ses plus forts taux de croissance sur 30 ans, représentant près de 45% de la croissance totale de la consommation mondiale d’énergie. La demande de charbon a également augmenté (+ 1,4%) pour la deuxième année consécutive, après trois années de repli. La croissance des énergies renouvelables (14,5%) a légèrement reculé par rapport aux tendances passées, même si elle reste de loin la source d’énergie dont la croissance est la plus rapide au monde.
Pourquoi la croissance de la demande d’énergie a-t-elle été si forte ?

Un modèle simple utilise la croissance du PIB et les prix du pétrole pour prédire la croissance de l'énergie primaire : il explique en grande partie la demande énergétique au cours des 20 dernières années. Il prévoit que la croissance de la demande énergétique aurait un peu ralenti l'an dernier, reflétant le contexte économique légèrement plus faible et le raffermissement des prix de l'énergie. Au lieu de cela, la demande en énergie a augmenté dont une grande partie pourrait être liée aux conditions météorologiques, en particulier aux États-Unis, en Chine et en Russie, où le nombre de jours chauds et froids a été exceptionnellement élevé, la demande accrue de services de refroidissement et de chauffage contribuant à expliquer la forte croissance du consommation d’énergie dans chacun de ces pays. Une reprise de certaines activités cycliques de l'industrie chinoise expliquerait le reste de ce surcroît de demande (figure du haut de ce billet).

Et l'électricité ?

L'électricité joue un rôle central pour un système énergétique sobre en carbone : il s’agit de la plus grande source d’émissions de carbone du système énergétique. La demande mondiale a augmenté de 3,7%, un des taux de croissance les plus forts enregistrés depuis 20 ans, absorbant environ la moitié de la croissance de l’énergie primaire. Les pays en développement continuent de tirer l'essentiel de cette croissance (81%), la Chine et l'Inde venant en tête. Mais la croissance particulièrement forte de la demande d'électricité en 2018 doit beaucoup aux États-Unis, où la demande d'électricité a augmenté de 3,7%, sous l'effet des conditions climatiques. Du côté de l'offre, la croissance de la production d'électricité a été tirée par les énergies renouvelables, qui ont augmenté de 14,5%, contribuant pour environ un tiers à la croissance, suivis du charbon (3,0%) et du gaz naturel (3,9%). La Chine a continué de mener la croissance des énergies renouvelables, avec 45% de la croissance mondiale de la production d'énergie renouvelable. Mais la variation du mix mondial par décarbonation ne suffit pas à compenser l'augmentation de la demande (figure du bas de ce billet).

 

L’énergie renouvelable semble avoir la maturité, mais la composition du mix énergétique mondial reste extrêmement constante avec les années : les parts des combustibles non fossiles (36%) et du charbon (38%) en 2018 étant inchangées par rapport à leurs niveaux d'il y a 20 ans.

 

arnaud delebarre

11 juin 2019 

Tag(s) : #BP, #Energie, #Changement climatique, #Gaz, #Renouvelable, #Electricité, #CO2, #An unsustainable path, #Statistical Review 2019, #Charbon, #Décarbonation
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