Les meilleures écoles d'ingénieurs sont aussi les plus chères

Le magazine L'Etudiant a publié le 4 décembre son palmarès 2019 classant 174 (parmi environ 200) écoles d'ingénieurs accréditées de France, dont 81 écoles en 5 ans et 93 en 3 ans. Parmi elles, 135 écoles publiques, indépendantes ou non d'universités, et 39 écoles privées de statut divers. L'Etudiant fournit pour chacune d'elles le montant des frais imputés aux élèves selon la méthode suivante : "[le montant] inclut droits de scolarité et frais de scolarité éventuels et est calculé sur la totalité du cycle ingénieur (3 ans) et ramené sur une année (chiffres rentrée 2018)".

Les 135 écoles publiques classées par L'Etudiant peuvent être subdivisées en 3 catégories aux effectifs respectifs de 1, 31 et 103 : 

- l'école Polytechnique où l'étudiant est rémunéré (il doit néanmoins acquitter quelques frais);

- 31 écoles publiques d'ingénieurs qui ont ou ont obtenu récemment de leurs tutelles des augmentations significatives des droits de scolarité (e.g. écoles Centrale et Mines de Nancy où les droits sont passés de 601 à 2500 € par an)*;

- 103 écoles qui continuent de demander des droits et des frais plus modestes, appelés dans ce billet "règlementés", le plus souvent de 606 euros par an selon L'Etudiant, le 606 provenant probablement de la somme de 601 et de 5,10 de médecine préventive, et le 601 euros étant prévu pour la plupart des écoles d'ingénieurs sous tutelle du Ministère de l'Enseignement Supérieur par arrêté.

Les 39 écoles privées de droit consulaire, associatif, en contrat ou hors contrat, sont présentées et étudiées ici comme une seule catégorie.

La hiérarchie des écoles est aussi celle de leurs coûts de scolarité

La figure de ce billet présente les coûts de scolarité dans les 174 écoles enquêtées par L'Etudiant en fonction de leur classement dans le palmarès 2019. On observe que :

- les écoles publiques les mieux placées au palmarès sont généralement plus chères que leurs consœurs;

- les écoles privées obéissent aussi à cette même loi avec une dispersion plus grande; mieux elles sont placées, plus elles sont chères;

- pour les écoles qui continuent de pratiquer des droits d'inscription "ordinaires", les droits d'inscription sont relativement indépendants du niveau du classement. 

Les 9 écoles qui décrochent, après Polytechnique, les positions les plus enviées en tête du classement sont toutes à droits d'inscription élevés : CentraleSupelec (diplôme Centrale) est 2e au palmarès derrière Polytechnique, avec une année à 4600 euros. La première école "bon marché", à 606 euros l'année, dans le palmarès est 11e : INSA de Lyon. On peut croire que l'accompagnement financier d'élèves doués aux revenus modestes ne les dissuade pas d'entrer dans des écoles publiques onéreuses.

arnaud delebarre

28 décembre 2018

* Le Canard Enchaîné du 1er août 2018 relatait l'interview de M. Franck Debouck, directeur de centrale Lyon, qui expliquait combien cette école avait besoin d'argent. Les Echos publiait en avril 2018 un article faisant référence à une étude réalisée par News Tank sur l'évolution des droits et frais d'inscription dans les écoles d'ingénieurs accréditées, qu'elles soient privées ou publiques. Les hausses sont variables selon le ministère de tutelle des écoles publiques. Et l'article d'indiquer que "parmi les établissements analysés, treize ont "plus que doublé leurs frais de scolarité en cinq ans. Les plus fortes hausses sont celles des écoles publiques rattachées à des ministères techniques : +155 % pour les écoles du ministère de la Défense, +135 % pour celles du ministère de l'Economie, +70 % pour celles du ministère de l'Environnement, +44 % pour celles de la Ville de Paris et +9 % pour celles du ministère de l'Agriculture".