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Y-a-t-il un programme à la présidence des présidences d'université ?

Deux listes sont en lice pour le renouvellement du bureau de la Conférence des présidents d'université. Leurs professions de foi illustrent le rôle et l'efficacité de la CPU, tout autant que les ambitions et la stratégie des universités elles-mêmes.

CPU et universités ont-elles les moyens de leurs ambitions ?

Les universités ont affiché ces derniers temps des tendances hégémoniques sur les terrains de la recherche, de la formation et de la gouvernance. L'Université affirme en effet sa prééminence en recherche (alors que les effectifs de R&D sont majoritairement hors Université). Elle veut s'accaparer ou créer des formations (e.g. classes préparatoires, masters d'ingénierie,...) augmentant ainsi son offre de formation. Enfin, l'Université se voit comme un modèle de gouvernance et de fonctionnement démocratiques mais elle veut vassaliser les partenaires au sein des COMUE.

Le coût de ces ambitions existe, tout autant que celui du glissement vieillesse technicité. Les universités et la CPU demandent donc à l'Etat, notamment à l'aide de motions votées à l'unanimité, les moyens qui leur semblent dus. L'une des têtes de liste au bureau de la CPU a donc affirmé que les universités espéraient "obtenir [...] un milliard d’euros de plus par an pendant cinq ans". Tandis que l'autre tête de liste a proposé de fermer un site de l'université qu'elle préside, indiquant que les dotations de l'Etat l'y contraignaient, quand une gestion raisonnée fait partie de ses attributions.

CPU et universités se donnent-elles les moyens de leurs ambitions ?

D'un côté, l'Etat n'honore pas toujours ses promesses, ni ne donne les moyens de l'autonomie qu'il accorde. Il suggère que les bonnes élèves budgétaires aident les autres, soulevant des protestations des universités qui utilisent pourtant en leur sein les transferts de composantes riches à plus nécessiteuses.

De l'autre, présidents et présidentes d'universités et CPU demandent à l'Etat les moyens nécessaires à leur mission réelle ou supposée : moyens nécessaires pour une stratégie décidée par l'Etat, ou pour satisfaire une ambition d'établissement. Les présidents et présidentes sont plus rares à réformer le fonctionnement et leurs offres de formation ou à diversifier les sources de financement. Ces managers utilisent souvent le gémissement, relayé par la CPU, et osent peu des choix de rationalisation, de projet ou de ressources propres. La profession de foi d'une des listes dit ainsi qu'elle souhaite oeuvrer au "niveau de financement global [...] à travers la question des moyens récurrents, des financements compétitifs, des moyens extra-­budgétaires [...]". L'expression cocasse "moyens extra-budgétaires" pour parler des entrée d'un budget montre la difficulté à penser un budget avec des sources autres qu'issues de la négociation avec l'Etat. La seconde profession de foi propose de manière conservatrice "l'idée d'un pacte de responsabilité de la Nation avec ses Universités qui consisterait en une remise à niveau budgétaire des établissements" qui rappelle l'affirmation martiale du président actuel de la CPU selon laquelle les Français (sic) auraient une attente à satisfaire vis-à-vis des universités.

Y-a-t-il un stratège dans la CPU ?

Au delà de l'activisme envers le Ministère prôné par les deux listes, avec une diplomatie variable selon les candidats, ou d'une proposition de fonctionnement plus démocratique, on cherche, dans ces candidatures à la CPU, une stratégie propre dont le déploiement dépendrait des universités et de la CPU elles-mêmes. A titre d'exemple, le mot "numérique" est absent des deux déclarations quand le numérique est à la fois un axe d'actions choisi par l'Etat et un moyen éducatif prometteur d'avenir.

arnaud delebarre

8 décembre 2014

Tag(s) : #COMUE, #CPU, #Stratégie, #Université
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