Patrons et ex-patrons de l'automobile : de l'adulation à la critique et la tourmente

Trois patrons et ex-patrons de l'automobile formés dans des écoles françaises et un autre dans des établissements nord-américains ont été récemment taclés ou au mieux critiqués. Ainsi Jacques Calvet, Christian Streiff, Carlos Ghosn et Elon Musk ont fait l'objet de mesures sévères pour les deux derniers ou de critiques dans les médias pour les deux premiers.

Elon Musk

Elon Musk, formé dans des universités canadiennes et nord-américaines, souvent au titre de boursier, mais ayant suspendu son doctorat, vient ainsi d'être éjecté de son poste de président du conseil d'administration de Tesla pour satisfaire un armistice avec la Securities and Exchange Commission (SEC). Mais les observateurs attendent encore avec gourmandise ou défiance, c'est selon, la production en grande série des voitures électriques Tesla.

Carlos Ghosn

Carlos Ghosn, issu du célèbre (en France) corps des ingénieurs Polytechniciens ayant choisi l'école des Mines de Paris comme spécialité, est gardé à vue pour dissimulation de revenus, mais pas encore pour fraude fiscale et abus de biens sociaux (Canard Enchaîné du 21 novembre 2018, "Exécution ou suicide au pays du Soleil-Levant" et "Un grand cachottier" dans celui du 28 novembre 2018). Il a lui été révoqué de la présidence de Nissan. Comme le dit pudiquement sa notice Wikipedia : cet article est lié à une affaire judiciaire en cours (consulté le 2 décembre 2018). La formation d'élites en France ne formerait donc pas assez bien à l'intelligence de la dissimulation et à la modestie ?

Jacques Calvet

Jacques Calvet, qui lui a fait l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), fait l'objet d'une rétrospective dans Charlie Hebdo du 14 novembre 2018, sous le titre "Jacques Calvet - Le diesel, c'est la France". L'auteur y raconte comment Jacques Calvet est appelé pour sauver Peugeot et comment il développe le diesel, aidé par les abattements fiscaux sur le carburant et malgré un rapport sur l'impact médical des pollutions d'origine automobile, pour lutter contre la concurrence nippone. L'article débute par "Jacques Calvet, funeste crétin" puis pose la question : "Et Calvet le visionnaire, dans tout ça ?".

Christian Streiff

Christian Streiff, ex-PDG de Peugeot n'a lui fait, que, l'école des Mines de Paris. Il peine à imposer son accident vasculaire cérébral et sa rééducation par la marche et l'écriture, comme un événement sensationnel, à défaut d'être culturel. Il avait déjà cru bon tenir informé du fait qu'il savait marcher avec ses réflexions de randonnées en 2014. Un film inspiré des mêmes événements est sorti le 7 novembre 2018, avec pas mal de mauvaises critiques, y compris de la part de Christian Streiff lui-même. Il ne comprend pas qu'un PDG ne soit pas considéré, en France, d'emblée comme un grand homme, ni que le film "Un homme pressé" ne soit pas plus fidèle à son œuvre écrite.

Le syndrome du con intelligent

Ces quatre homme sont de grands modestes, qui ne s'ignorent pas. Jacques Calvet et Christian Streiff siègent à divers titres dans divers conseils d'administration, et arrivent parfois à s'attirer quelques articles positifs dans les médias d'affaires. Carlos Ghosn fait actuellement un stage de découverte (les exercices de mise en situation sont appréciés dans les formations à la française) dans une cellule japonaise. Elon Musk est de son propre aveu au bord du burn-out. Au même moment, paraît "Psychologie de la connerie" avec un chapitre dédié au "con intelligent" qui prend l'exemple de Steve Jobs, souvent qualifié de génie, qui croyait guérir une tumeur alors opérable avec des plantes au lieu du bistouri et en mourut. Et la critique du livre de conclure sur ces "génies bardés de diplômes qui n'ont aucune intelligence des situations". Un peu facile, non ?

arnaud delebarre

2 décembre 2018